Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je ne sais rien de ces détails, Excellence.

— Voyez donc, dit le ministre en interrompant son chef de cabinet : dans cette loge, n’est-ce pas le comte de B*** lui-même, et derrière lui le vicomte d’Havrecourt, son secrétaire ?

— Vous ne vous trompez pas, Excellence, ce sont bien eux, dit Bois-Laurier en braquant sa lorgnette dans la direction indiquée.

— Du Clocher doit être par la ; dites-lui donc de ne pas les perdre de vue ; vous savez qu’il a des facultés acoustiques extraordinaires ; il peut y avoir quelques indications à recueillir de leur conversation et de leurs allures.

— Du Clocher ?… monsieur le ministre.

— Eh bien, quoi ?

— Il devient fort difficile à manier ; il prétend qu’il s’use, qu’on commence à l’éventer, et il menace de ne plus rien faire si on ne lui promet une sous-préfecture.

— Qui empêche qu’on la lui promette ? Au surplus, ce qu’il y a encore de mieux, c’est de livrer séance tenante à Bonafous la piste de ces deux personnages. Le hasard l’a mis au courant de toute l’affaire ; dites-lui de ma part que je compte sur son zèle ; qu’il prenne d’ailleurs en tant que de besoin les ordres du préfet de police.

À ce moment, le chef du cabinet du préfet de police entra, et, après avoir salué respectueusement l’excellence, lui fit part à l’oreille des renseignements alarmants qu’il était chargé de lui transmettre, de la part du préfet, sur la possibilité d’un attentat contre l’Empereur à la sortie de l’Opéra.

Le ministre bondit sur son siège comme s’il était