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Coq, et il prétend que si on veut lui donner deux mille francs pour sa femme et ses enfants, il se charge de faire l’affaire avec son cure-dent[1].

— Oui, je la connais, celle-là ! pour qu’il file d’abord avec la monnaie ! Les choses resteront arrangées comme elles sont. J’ai les ordres de la Paternelle[2]. Mais ne nous tenons pas là plus longtemps : il y a des mouches aux alentours. Et les deux conspirateurs, remontant montant la rue Chauchat, rencontrèrent deux autres personnes avec qui ils échangèrent des signes d’intelligence. C’étaient Oudaille et Soulès.

Rentrons maintenant dans la salle de l’Opéra. Le ministre de l’intérieur, en attendant sa femme et sa fille, qui ne devaient arriver que vers dix heures, était en train de causer avec son secrétaire particulier, le vicomte de Bois-Laurier, jeune homme fort prétentieux et des plus moqueurs.

— Alors, on n’a rien découvert de cette correspondance ? demanda le ministre.

— Rien, Excellence ; nous avons cependant un agent très sûr chez le comte de B*** ; mais il a eu beau, dit-il, faire de son mieux, c’est-à-dire, à ce qu’il paraît, ouvrir quelques tiroirs et visiter quelques papiers, il n’a pu trouver aucune trace de la correspondance du comte de B*** avec les deux princes que vous savez.

— C’est bien extraordinaire, dit le ministre, l’homme dont vous me parlez n’est qu’un maladroit ou n’est pas un agent fidèle. Mais Bonafous avait parlé au préfet de police d’un certain usurier du nom de Doubledent, qui tenait ce d’Havrecourt dans ses griffes. A-t-on pu faire parler ce Doubledent ?

  1. Poignard.
  2. L’Internationale.