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influents de la transformation libérale et parlementaire qui se préparait dans les nouveaux conseils du souverain.

Mmes de P… et de G… se faisaient remarquer au premier rang par l’éclat de leurs toilettes et recevaient de temps à autre, dans leurs loges, la fleur de la gentry parisienne : le duc de T…, P…, récemment fait duc de M…, le duc de G…, le marquis de L…, le baron de B… e tutti quanti. La princesse de M… se trouvait dans une avant-scène du rez-de-chaussée avec la princesse de T…, si renommée par l’éclat de ses réceptions et l’excellence de ses dîners. Tout à côté, la princesse A. M… causait avec M. E… de G…, oracle de tous les gouvernements et amateur de toutes les fêtes.

La salle regorgeait de journalistes, et tous les chroniqueurs du lundi étaient à leur poste, mêlés à des écrivains, des gens de lettres et des artistes de tout genre : Théodore Barrière, de Boissieux, Victorien Sardou, P.-J. Sauveterre, Théodore Rousseau, Millet, le peintre Regnault dont la renommée ne cessait de grandir depuis l’exposition de la Salomé ; Marius Simon, dont le talent austère était déjà très apprécié à cette époque, et qui devait sortir avant peu du cercle des déclassés.

Une des premières personnes que Georges aperçut en entrant dans la salle, ce fut le marquis. Gaspard, dit Cambrinus, qui connaissait Dieu et diable dans le journalisme, n’avait pas manqué de se faufiler lui aussi à cette représentation, et il pérorait tout haut à côté de Paul Foucher son voisin, en attendant le lever de la toile.

Georges aperçut dans une loge d’avant-scène la vicomtesse de Saint-Morris avec Raffaella et Mme de Bois-