Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je vous demande mille pardons, répondit Raffaella en rougissant. Mais monsieur m’avaient invitée… je crois…

— Moi ? fit Georges Raymond, qui vit les beaux yeux de Raffaella tournés vers lui. Ah ! c’est vrai ; je l’avais oublié ; mille pardons, ajouta-t-il, devinant le caprice de la jeune fille et s’emparant d’elle.

— Ah ça, monsieur est donc loué pour toute la soirée ? dit le marquis avec une rare impertinence, en mettant son lorgnon.

À ces mots, Georges quitta pour un instant la main de Raffaella ; et s’approchant du marquis, lui dit tout bas :

— Vous venez de m’insulter gratuitement, vous recevrez demain mes témoins.

— À votre aise, mon cher, fit le marquis en tournant les talons, et il prit le bras de Marius Simon, qui le cherchait, en lui disant à l’oreille :

— Je retrouve un de mes grecs dans la salle de jeu ; allons profiter de cette aubaine.

— Je viens de faire pour vous un gros mensonge, dit à Georges Raymond Raffaella encore toute rougissante, et peut-être sans le vouloir suis-je cause ?…

— Et de quoi, mademoiselle ?

— D’une querelle avec ce monsieur. Oh ! dites-le moi, car si je le savais…

— Venez, mademoiselle, répondit Georges Raymond en passant son bras autour de la taille de la jeune fille, et ils décrivirent le tour du salon en devisant le plus gaiement du monde.

— Ah ! voilà Georges qui danse maintenant avec Raffaella, dit en riant le vicomte d’Havrecourt à Mme de Saint-Morris.