Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de passe-passe, en trucs, en habiletés, en réclames, en finesses rabattues et en pièges grossiers dans lesquels le public tombe comme à l’envie.

Les choses ont bien changé depuis le temps où les romanciers essayaient de peindre les mœurs des premiers abencerrages de la bohème. Quelques étudiants paresseux et ivrognes, s’abrutissant au cabaret ou courant le guildou avec des filles de rencontre, ne représentent plus aujourd’hui la bohême. Elle n’est pas tout entière non plus dans l’histoire des courtisanes, des amants de cœur et des filous.

Ce qui est le fond même du sujet, c’est la lutte de classe à classe, la fermentation souterraine des couches sociales, l’effort acharné de ceux qui combattent pour l’affranchissement de la pauvreté, pour la conquête de l’indépendance ou de la fortune, les uns par le travail, les autres par l’intrigue, d’autres enfin par le crime.

C’est cette bohême militante que Balzac a peinte dans quelques-unes des grandes pages de la Comédie humaine ; c’est ce que le monde lettré de notre temps comprend ou entrevoit quand on lui parle des déclassés.