Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui est-ce qui me donne trente lignes sur la nouvelle pièce des Français ?

— Je vais te les faire, dit Belgaric qui venait d’entrer accompagné de sa maîtresse.

Pendant que celle-ci, assise sur le canapé, recevait les compliments ironiques du marquis, Belgaric venait d’achever un article théâtral qui se terminait ainsi :

« Le jeune débutant qui fait le rôle de Boursier-Gandin dans la pièce, s’est montré du dernier mauvais ; il n’a aucune idée de son personnage. Et, quand on pense qu’il y a en ce moment à l’Odéon un artiste de premier ordre, du nom de Belgaric, auquel personne n’a songé pour ce rôle, c’est à désespérer de l’avenir du Théâtre-Français. »

— Mon cher, dit en entrant au marquis Gédéon Mathieu, je viens de rencontrer sur le boulevard des Italiens, près du café Tortoni, la créature la plus ravissante, la plus affolante, la plus bouleversante ! un air de tête, une couleur de peau, un regard velouté, des formes ! Ah ! j’en ai encore les yeux malades, le poil hérissé, la chair de poule ! tiens, rien que d’en parler… tâte mon pouls…

— Garçon de cabinet ! une douche à monsieur.

— Croyez-vous que ça fasse faire le journal, tout ça ! cria Coq de nouveau. Je n’ai pas encore l’article sciences.

— L’article sciences, voilà ! voilà ! dit Gédéon Mathieu en s’emparant d’une plume et en cherchant du papier.

Le docteur Gédéon Mathieu écrivit au courant de la plume un article de sciences qui se terminait ainsi :

« Cette grande loi de la syphiliopathie moderne avait été découverte depuis longtemps par le docteur