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― C’est bien, poursuivez vos informations sur cet individu ; nous verrons plus tard.

― Monsieur le directeur, dit Ferminet en rouvrant ses paupières, il serait peut-être d’autant moins opportun en ce moment d’agir rigoureusement avec cet homme, qu’il pourrait, le cas échéant, fournir des renseignements précieux.

― Sur quoi, monsieur Ferminet ? On aurait le temps de faire cuire un œuf à la coque pendant que vous pesez vos mots.

― Monsieur le directeur sait à quel point le gouvernement est préoccupé des agissements des princes à l’étranger et les efforts qu’il fait pour mettre la main sur certaines correspondances qui s’échangent en ce moment entre Paris et Bruxelles…

― Eh bien, quels rapports avec cet agent d’affaires ?…

― Je sais de source certaine que cet agent d’affaires rend des services d’argent à M. d’Havrecourt, secrétaire particulier du comte de B***, principal meneur du parti, et que ce secrétaire est complètement, mais complètement à la merci de l’homme en question, répondit Ferminet d’une voix plus basse et avec une fermeture de paupières pleine de sous-entendus. Monsieur le directeur comprend ?

― Diable ! diable ! parfaitement ; mais c’est de la politique, et cela ne nous regarde pas directement. C’est égal, mon cher, vous avez raison ; il y a lieu de ne pas compromettre des moyens d’information qui peuvent être précieux dans une aussi grave affaire. Vous avez bien fait de m’aviser. J’en dirai un mot à M. le préfet, qui en conférera au besoin avec le ministre.