Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une des issues du sous-sol, connue des principaux chefs seulement, et qui conduisait dans la rue Montyon.

Les autres se heurtèrent les uns contre les autres dans tous les sens, en montant et en descendant l’escalier du sous-sol.

Barbaro jeta le buste de la République au fond d’une caisse d’emballage pleine de paille, arracha le drapeau rouge et le mit dans sa poche, tandis que Coq, qui avait gardé son sang-froid, le regardait faire et lui disait :

― Tu sais que si c’est un coup monté, ton compte sera soldé. Là-dessus il arma son pistolet et se mit à suivre Barbaro dans tous ses mouvements.

Quelques minutes après les portes étaient enfoncées et les agents de l’autorité faisaient invasion dans les appartements du cercle. Alors ceux des conjurés qui étaient remontés par l’escalier du sous-sol sautèrent par les fenêtres du premier étage sur les agents qui se trouvaient dans la cour. L’un d’eux fut blessé et tira son épée en croyant à une attaque.

― Éclairez la cour ! cria l’officier de paix qui commandait l’escouade.

À ce moment, des cris, des bruits de lutte et de vitres brisées, se faisaient entendre au premier étage. Tout à coup un coup de feu retentit et causa la plus effroyable panique. Coq, tête nue, les cheveux épars, venait de sauter à son tour par la fenêtre pendant que les agents qui s’y trouvaient cherchaient à appréhender au corps les fuyards. D’un coup de poing, Coq culbuta le sergent de ville qui avait allumé une torche et s’élança vers la porte. On l’avait laissée ouverte par mégarde, et les fuyards s’y étaient précipités comme un torrent, pendant que les agents s’efforçaient de la fer-