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― Je demande pourquoi nous sommes convoqués ? dit un ouvrier menuisier qui s’appelait Volard.

― Quel est l’ordre du jour ?

― Qui est-ce qui préside ?

Telles sont les exclamations qui se firent bientôt entendre de divers côtés.

― Citoyens, dit Soulès qui s’exprimait assez difficilement, mais qui ne manquait pas de tact, personne de vous ne peut ignorer le but de cette réunion ; nous ne sommes pas ici pour bavarder comme les avocats, mais pour faire des actes.

― Très bien ! firent différentes voix.

― Malgré les soi-disant réformes de l’empire libérâtre et je ne sais quels articles de contrebande que l’on voudrait ajouter à la Constitution-gibet de 1852, l’empire crèvera, l’empire crève !

Un hourrah d’enthousiasme accueillit ce speech que Soulès prononça avec, une grande profusion de gestes, l’œil en feu et la figure écarlate. Soulès venait de remporter un succès.

― Tout ça, c’est encore des phrases, quoique vous disiez que vous n’en faites pas, reprit Volard qui était tracassier et sans discipline. Il faudrait jaboter un peu moins et s’occuper un peu plus d’améliorer la position de l’ouvrier.

Cette interruption produisit un tumulte et des récriminations générales.

― Je vous rappelle à l’ordre, dit Soulès ; nous sommes ici pour conspirer et non pour faire du socialisme bête. Vous voulez améliorer la position de l’ouvrier, commencez par renverser le gouvernement.

― Bravo ! S’écria-t-on.

― Et que ceux qui veulent faire les brouillons sa-