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remontâmes jusqu’à la région des icebergs, que nous survolâmes tout le long d’un jour presque sans fin. Guidés par un officier, nous visitâmes le dirigeable de fond en comble. Quelle merveille de construction, alliant l’audace à la sécurité, la légèreté à la puissance, le confort à l’élégance. Nous volions à une altitude de 200 mètres à peine, et je tiens pour inoubliable le spectacle enchanteur de la remontée du Rhin, penchés sur les hublots horizontaux du salon, pendant que défilait devant nous le diorama des anciens châteaux-forts ; Après soixante heures de voyage, nous atterrîmes à Francfort, d’où l’avion nous amena à Paris le 26 juin 1936.

Cette date m’est restée gravée dans la mémoire, car elle représente pour moi un curieux mélange de joie et de tristesse, joie de retrouver après une si longue absence, mon pays, ma famille, mes amis, tristesse en écoutant le récit des événements sociaux qui s’étaient déroulés depuis deux mois. La tristesse l’emporta sur la joie, et je me mis à pleurer, ayant le pressentiment des malheurs qui allaient s’abattre sur la Patrie.

Mais je fus rapidement repris par le tourbillon de la vie. Le bouleversement social impliquait de nombreuses interventions, où je m’efforçais de faire entendre la voix de la raison ; les idées dirigistes, dont on n’avait jamais entendu parler jusque-là, commençaient à se faire jour. On me rendra cette justice que je pris immédiatement parti contre elles, bien qu’elles fussent incontestablement à l’avantage de Solex.