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lier, mais efficace, à tel point qu’au bout de trois mois toutes les mauvaises raisons que l’on me donnait avaient disparu et que j’arrivais à labourer 30.000 hectares par mois. Quant à la qualité du travail, elle était impeccable, tous les conducteurs étant cultivateurs et les propriétaires des champs se chargeant automatiquement de la surveillance des labours. J’eus pourtant un coup dur. En avril 1918, j’avais 300 tracteurs devant Arras, quand les Allemands enfoncèrent le front. Prises de panique, mes batteries firent retraite à pleins gaz, et je les retrouvai échouées dans tous les fossés, et, pour les plus habiles, sur la plage de Berck. Elles n’avaient pas pu aller plus loin !

Bien entendu, j’effectuai aussi les moissons avec tout un attirail de faucheuses-lieuses, ce qui me valut, en juin 1918, de recevoir un bateau de 10.000 tonnes de ficelle Sisal, que m’envoyait, sans crier gare, la mission française en Amérique, et que j’étais chargé de distribuer dans toute la France. Ce fut une chasse épique aux wagons. Je lançai 500 convoyeurs dans tout le pays. Grâce à eux, la ficelle arriva en temps utile pour la moisson. Je ne sais si elle a jamais été payée. La Cour des Comptes a dû s’en occuper dix ans après !

Et ce fut l’armistice 1918… Quelques semaines encore pour transmettre tout le Service à des fonctionnaires civils et je fus démobilisé en mars 1919. J’avais gagné, pendant la guerre, une grande expérience des hommes et des choses, 600 francs par mois et la Légion d’Honneur au titre militaire, ce qui était assez rare chez un non