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vitæ, ce qui, aujourd’hui, peut paraître enfantin, mais qui, en 1915, était une grande innovation dans l’armée, où l’on ne connaissait un soldat que par son numéro matricule.

Ma première préoccupation fut de mettre chacun à sa place, ce qui se traduisit par des centaines de mutations. Au bout de deux mois, tous les ajusteurs étaient à l’étau, les conducteurs au volant, les facteurs à la poste, les téléphonistes à l’écoute, les secrétaires au bureau et les cuisiniers aux marmites.

Le choix de l’emplacement du Parc avait donné lieu à une discussion épique avec le G. Q. G. Celui-ci voulait que nous fussions loin de toute agglomération pour éviter les scandales que certains automobilistes soulevaient dans les villes. Quant à moi, je refusai de faire de l’industrie dans les champs, et j’insistai pour m’installer à Nancy afin de profiter de toutes les ressources d’une grande ville. Par contre, je pris l’entière responsabilité de la bonne tenue de la troupe dans la ville de la Division de Fer, où les pertes étaient particulièrement sévères. Je tins parole, quoi qu’il m’en coûtât de faire le gendarme. Mais la guerre était considérée par beaucoup comme une magnifique partie de tourisme aux frais de la princesse. Malheureusement, les besoins des Armées en automobiles étaient immenses, et nous arrivions difficilement à assurer le service, faute de véhicules. Le nombre des accidents était inquiétant : excès de vitesse, imprudence, défaut d’entretien.