Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ayant débuté très modestement, je me demande quel aurait été mon avenir dans une Économie basée avant tout sur les situations acquises. En ce temps-là (1906-1910), il y avait pléthore de fabricants de radiateurs et de carburateurs. Et l’on m’aurait probablement refusé l’autorisation d’établissement, car je n’avais aucun argument valable, autre que celui de faire ma vie.

Aujourd’hui — pour ne pas quitter un sujet que je connais bien — l’industrie des carburateurs, en France, est partagée entre deux Sociétés. Zénith et Solex, la première pour 40 %, la seconde pour 60 %. La capacité annuelle de production totale des deux usines est d’environ 600.000 carburateurs pour une demande d’environ 300.000. À l’aide de quelques machines supplémentaires, la production pourrait facilement atteindre un million d’appareils par an. Les besoins du marché sont donc plus que couverts avec ces deux Sociétés. Quant à la technique, je me plais à croire qu’elle est satisfaisante puisque ces deux marques équipent 95 % des voitures européennes. Tout justifie donc, en Économie dirigée, l’interdiction, pour une nouvelle marque, de construire des carburateurs en France, mesure qui ne pourrait que protéger largement mes intérêts égoïstes.

Mais je proteste énergiquement, d’avance, contre un tel monopole, car j’estime que la liberté du commerce est la pierre angulaire du progrès.

On me répondra que le C. O. de l’Automobile peut parfaitement autoriser la construction d’un nouveau