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L’été de 1939 avait apporté une trêve à ces discussions byzantines, et j’avais oublié l’article 419, les Ententes, la C. G. P. F. et le Conseil National Économique, quand la guerre éclata.

Bien entendu, toutes ces controverses étaient suspendues. Mais le grain était semé. Il ne devait pas tarder à lever. Le terme d’ « Organisation Professionnelle » avait fait son chemin. Ses adorateurs brûlaient de mettre leurs talents au service de la Patrie. Jamais on n’assista à une telle débauche d’ « organisation ». Jamais, non plus, on ne vit une production plus entravée, se débattant dans une forêt de règlements, de licences, d’états, de statistiques et de graphiques où toutes les initiatives individuelles étaient remisées sur des voies de garage, comme il se doit lorsque l’esprit « chemin de fer » règne en maître.

Il est vrai que la partie était perdue depuis longtemps, par l’incurie du Gouvernement, l’apathie des bureaux, la désorganisation provoquée par le Front Populaire, et les méfaits, dans certains secteurs, de l’Économie dirigée. Mais tout cela est connu. Ce qui l’est moins, c’est l’agilité surprenante, le sens de l’opportunité admirable avec lesquels, moins de deux mois après l’armistice, ils mettaient sur pied la loi du 16 août 1940, qui bouleversait de fond en comble l’Économie française par la création des Comités d’Organisation.

Le moment était bien choisi. Le désarroi régnait dans tous les esprits, le découragement s’installait partout,