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d’opposants, dont j’étais, prenait figure de trouble-fête. Il est vrai que le consommateur, qui faisait les frais de l’opération, n’était pas invité à donner son avis, et les Chefs d’entreprises doués de bon sens, qui sont fort nombreux en France, avaient autre chose à faire qu’à suivre ces parlotes qu’on pouvait croire stériles.

En fait, ces discussions étaient purement académiques, et le Président Gignoux s’efforçait, et y réussissait, à mener les débats avec une grande impartialité, tout en ayant beaucoup de peine à voiler ses sentiments personnels qui étaient déjà franchement dirigistes.

Souvent, je me demandais pourquoi je me donnais tant de mal pour combattre ces théories dirigistes mort-nées, mais mon instinct me commandait de défendre les débutants et les faibles, auxquels on ne devait pas refuser l’espoir de s’élever, de même que mon réalisme me démontrait que si les Ententes étaient profitables aux vendeurs, elles se retournaient contre les acheteurs qui composent la majorité du peuple. Sentant la résistance grandir, les dirigistes firent appel au Conseil d’État, ou plutôt à son émanation, le Conseil National Économique, présidé par M. Cahen-Salvador. On est confus de constater que cette austère institution, qui aurait dû être la gardienne du libéralisme, se mit à verser dans le dirigisme par l’action de quelques-uns de ses membres et, comme tout bon organisateur qui ne connaît pas la question, entreprit une vaste enquête dont je connaissais à l’avance le résultat : un fouillis inextricable.