Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment sympathique. Mais je voudrais apporter ma contribution à l’étude des relations entre inventeurs et industriels. De très nombreux procès en contrefaçon que j’ai soutenus ou engagés, m’ont mis à même de réfléchir aux deux aspects de la question, soit comme inventeur, soit comme industriel. Il est banal de rappeler l’attendrissant poncif qui montre l’inventeur pillé par le puissant capitaliste et finissant ses jours sur la paille, tandis que l’autre s’enrichit à ses dépens. Cela existe certainement, comme toute exception qui confirme la règle. Mais combien est plus fréquent l’autre tableau du diptyque, l’industriel ruiné par l’inventeur, de bonne foi, certes, mais courant après une chimère. L’inventeur moyen est souvent caractérisé par ce qu’en disait mon camarade Jouffret : « Cet homme a des idées neuves et des idées justes ; dommage que ses idées justes ne soient pas neuves et que ses idées neuves ne soient pas justes ».

Mais, dans l’art de créer, l’invention elle-même ne constitue qu’une partie de la tâche. Combien en ai-je vu de ces braves inventeurs qui m’apportaient un brevet en l’accompagnant d’un « maintenant, il n’y a qu’à…! » ce qui signifiait qu’ils considéraient leur rôle comme terminé. Or, le plus dur de la tâche restait à accomplir.

Voici, résumé dans un tableau, comment je vois l’importance des opérations à effectuer pour qu’une idée, jaillie du cerveau d’un inventeur, s’impose au grand public :