Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alors, me direz-vous, ce que vous voulez, c’est le retour à la « loi de la jungle », où le plus fort étranglait férocement le plus faible, où nulle pitié ne venait tempérer la lutte pour la vie, où les ruines s’accumulaient derrière le « laissez-faire » et le « laissez-passer ».

La « loi de la jungle », voilà le grand mot lâché, qui fait bien dans une réunion publique, ou qui illumine un article de journal. On évoque ainsi les luttes sanglantes auxquelles se livrent les animaux féroces dans la forêt vierge, et l’on s’attendrit à la pensée de la gazelle dévorée par le lion.

Mais les dirigistes oublient trop facilement les moyens dont dispose le libéralisme pour éviter les abus de la concurrence déloyale.

Ce sont les brevets d’invention, qui donnent au chercheur un monopole pendant de longues années, les dépôts de marques et modèles qui protègent l’origine et le dessin, les appellations contrôlées pour les produits agricoles, le secret professionnel pour les procédés de fabrication et l’organisation commerciale. Il y a même des coups défendus, comme celui de ne pas payer ses fournisseurs — ce qui avantagerait singulièrement le prix de revient — mais qui sont sanctionnés par la faillite. Le libéralisme va même jusqu’à tolérer les ententes entre confrères, à condition qu’elles ne prennent pas l’allure d’une coalition et qu’elles puissent être concurrencées librement.

Dans tout cet arsenal, MM. les dirigistes peuvent