Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pourrait réaliser la collaboration des classes. Je suis d’autant mieux placé pour y applaudir que mes propres efforts sur ce terrain ont été très modestes. J’estime, en effet, que Paris offre de telles ressources que ces œuvres sociales font double emploi avec l’outillage général de la Cité. Il n’en est pas de même en province, où une grande usine isolée se doit de procurer à son personnel des avantages matériels et intellectuels, qui lui coûteront, du reste, fort cher.

Malheureusement, ces élans de philanthropie ont été constamment freinée par l’attitude des Syndicats, qui ont vu là une concurrence dangereuse à leur influence. Ils préféraient voir l’ouvrier dans une condition médiocre, espérant ainsi le tenir mieux en mains. De là ces attaques violentes contre ce qu’ils ont appelé le « paternalisme », en donnant à ce charmant vocable un sens péjoratif. Ces améliorations sociales, disent-ils, sont réalisées au détriment du salaire de l’ouvrier, qui est payé d’autant moins. C’est donc un dû, et il n’y a aucune reconnaissance à en devoir au patron. Décourageante attitude, qui explique pourquoi beaucoup de chefs d’entreprise se sont abstenus, comblant ainsi les désirs des Syndicats.

Quant à la prise en charge de ces réalisations par la Profession ou un Comité social, vagues entités morales, elle me paraît bien aléatoire quand on aura supprimé le puissant mobile qu’est l’amour-propre personnel du créateur de ces œuvres.