Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quant au chef d’entreprise, malgré son titre, il n’entreprendra plus rien. Noyé par la paperasse, asphyxié par les circulaires, émasculé par les règlements, il perdra toute initiative, abandonnera tout enthousiasme et sombrera dans le médiocre.


— Eh ! bien, vous êtes gai, me direz-vous. Voilà bien l’esprit critique des Français qui se donne libre cours. Ils ne sont jamais contents. On leur offre du nouveau et ils protestent, maugréent et déblatèrent.

Voyez plutôt comment les Allemands ont accepté, sans murmurer, dès 1933, un système d’Économie dirigée, et convenez qu’il leur a assez bien réussi.

— J’attendais depuis longtemps cette « colle ». L’exemple de l’Allemagne est, en effet, un sérieux argument des dirigistes, et je ne saurais le passer sous silence. Mais il ne résiste pas à l’examen.

En 1933, la situation de l’Allemagne était toute différente. Le traité de Versailles avait désarmé l’Allemagne, les réparations l’avaient appauvrie. Pour reprendre sa place parmi les grandes nations, le Chancelier Hitler décida de réarmer au prix d’un effort gigantesque. Il fallait que toutes les forces de la nation fussent concentrées sur un programme unique, que le Maréchal Gœring avait résumé en une phrase courte et célèbre : « Du beurre ou des canons ». L’homme ayant une tendance naturelle à préférer le beurre, il fallait une direction autoritaire pour lui faire fabriquer des canons. La