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quelquefois par une meilleure, mais on se garde bien de faire un saut dans l’inconnu. Si l’on veut violenter la technique, celle-ci se venge par les surprises les plus pénibles.

En Économie, il en est de même. Il faut ménager les instincts humains, les habitudes, les droits acquis, et toute innovation qui ne tient pas compte de ces éléments est vouée, tôt ou tard, à l’insuccès.


Sous le bénéfice de ces observations, je vais entamer le procès du libéralisme contre le dirigisme.

Pour favoriser le dirigisme, je lui donnerai la parole en dernier, afin de lui laisser toutes ses chances.

Mais, auparavant, il est nécessaire de définir les deux adversaires en présence. En Économie Politique, la confusion est extrême sur les définitions. On sait que le libéralisme et le dirigisme sont deux systèmes opposés, mais on ne peut pas très bien fixer leurs frontières. J’essaierai, timidement, de proposer cette définition que le libéralisme est l’Économie qui a recours au minimum à l’intervention de l’État, tandis que le dirigisme est l’Économie qui lui fait appel au maximum. Comme moyens, le libéralisme utilise, de préférence, la persuasion, tandis que le dirigisme emploie volontiers la contrainte. La forme la plus altérée du libéralisme est l’anarchie, tandis que l’espèce la plus virulente du dirigisme est la nationalisation.