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dent en somme à notre complexité littéraire par des préciosités et des délicatesses.

Mais l’illustration, c’est la décoration d’un livre ! au lieu : 1° du placage de carrés noirs d’aspect photographique sur le blanc ou sur l’écriture ; 2° de découpures naturalistes, au hasard dans le texte ; 3° d’autres découpures sans aucune recherche, de pures habiletés de main, parfois (oh !) à prétexte japonais.

Trouver cette décoration sans servitude du texte, sans exacte correspondance de sujet avec l’écriture ; mais plutôt une broderie d’arabesques sur les pages, un accompagnement de lignes expressives.

Dans les dessins de Maurice Denis pour Sagesse, de Verlaine, on peut constater l’intensité d’expression des dessins de formes et de taches — et au contraire la faiblesse de ceux où l’esprit littéraire introduit des éléments disparates.

XXII

Et voici la seule forme d’Art, la vraie. Quand on a éliminé les partis-pris injustifiables et les préjugés illogiques, le champ reste libre aux imaginations des peintres, aux esthètes des belles apparences.

Le néo-traditionnisrne ne peut s’attarder aux psychologies savantes et fébriles, aux sentimentalités littéraires, appelant la légende, toutes choses qui ne sont point de son domaine émotionnel.

Il arrive aux synthèses définitives. En la beauté de l’œuvre, tout est contenu.


XXIII

Les malheureux qui se tuaient à chercher une originalité dans leur cervelle asservie, des sujets nouveaux ou des visions nouvelles ! se refusant aux sensations bonnes qu’ils éprouvaient, parce qu’on les avait habitués à nier la beauté, parce qu’ils interposaient leur souci du trompe-l’œil entre l’émotion et l’œuvre !