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Ils en sont tous là les très petits peintres qui sont les maîtres d’aujourd’hui. De l’effervescence romantique, de la fréquentation des Musées italiens, de l’obligatoire admiration des Maîtres, ils ont gardé le souvenir imprécis, à jamais incompréhensible pour la déformation de leur esthétique, de quelques motifs des Maîtres. Delacroix disait qu’il passerait volontiers son temps à accorder des chemins de croix de bazar (comme ils sont très nombreux dans nos églises, hélas !). MM. tel et tel de l’Institut, s’occupent à désaccorder les toiles de la Renaissance. Et il reste assez de la splendeur qu’ils dépriment pour susciter l’inintelligente admiration des masses, instinctive vers cette beauté.

XI

Les facteurs de la réputation de Meissonier :

a) Cette déformation des intimes compositions hollandaises.

b) L’esprit littéraire, abondamment (le faciès de Napoléon, qui nous est grotesque, avoisine le sublime pour la majorité).

Très spirituelles, des têtes d’expression : le joueur naïf, le rusé, l’insouciant, l’ironique.

c) Surtout l’habileté de l’exécution, qui fait clamer, sans réserve : « C’est fort ».

Ô cette désolante vulgarisation de l’art, le facile dilettantisme ! ils jouissent d’employer des termes techniques, ils se persuadent, à la fin, qu’ils jugent !

XII

Or, les élèves de ces Maîtres arrivent au naturalisme pur : c’est la fin : il n’y a plus rien au-delà, on ne peut plus descendre, et certainement nous remontons.

Dagnan, qui est parti de la Noce chez le photographe, de l’autre Noce de campagne, des Enfants qu’on vaccine, — arrive à la Vierge, au Pardon, et à cette étude de Bretonnes