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les élèves d’ingres

surtout la scène du Pont et le tableau d’autel ; à Saint-Geriii a in i’Auxerrois, dans la chapelle des Catéchismes, chapelle malheureusement trop peu éclairée, la petite Assomption et le grand Couronnement de la Vierge, fresques admirablement conservées. L’intention ici évidente d’imiter Fra Angelioo et les Maîtres italiens du xve siècle appelle la comparaison avec l’école allemande d’Overbeck, et c’est au profit de l’élève d’Ingres. La piété tendre des figures d’Anges qui allongent, entre les nervures de la voûte, leur corps souple de vierges romantiques, le beau caractère des figures de Saints qui environnent l’autel, la fraîcheur du coloriage, tout dans cette décoration mérite qu’on aille réveiller pour la voir l’apathie des sacristains.

On peut aussi, dans les verrières de Sainte-Clotilde, étudier le beau style de ses draperies et toujours le charme de ses têtes d’anges, têtes de pâles ingénues, aux bandeaux lourds, aux yeux d’amandes, toutes semblables à celles qu’imaginaient les poètes de l’époque.

À Saint-germainen-Laye, et surtout dans les panneaux de la nef, les plus beaux, — la volonté de faire noble, le parti pris d’éteindre, de griser les couleurs, la science architecturale de la composition, ne vont pas sans quelque froideur. C’est cependant une des meilleures décorations d’église qui soient en France. Elle a été exécutée à buon fresco entre 1850 et 1855. On l’apprécia peu. Delaborde, qui vantait d’autre part « la fine sobriété de sa manière, son élégance dans le style », raconte qu’on comparait sa naïveté à « l’ingénuité d’une veuve de quarante ans demandant si les enfants se font par l’oreille » ; il trouve d’ailleurs sa naïveté un peu trop érudite.

Sur la fin de sa vie il décora, au château de Linières en Vendée, une salle à manger, de figures allégoriques dans des ornements pompéiens, et plusieurs salons où il a représenté entre autres scènes, autour de son ami Émile Augier, lisant les Fourchambault, un certain nombre de célébrités contemporaines. Nous avons pu feuilleter des cartons de dessins de lui d’un intérêt infiniment varié ; d’excellents dessins à la sanguine rehaussée de blanc et de quelques couleurs, comme le portrait de Madame Édouard Bertin,