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PRÉFACE DE LA DEUXIÈME ÉDITION

Le succès de ce livre a dépassé mes espérances et accru mes responsabilités. C’est la première phrase, qui a été la plus lue, la plus citée, la plus commentée. Je l’écrivis à vingt ans, sous l’influence des idées de Gauguin et de Sérusier. Elle posait la notion du tableau qui était perdue. Mais elle tendait avec tout son contexte, à orienter la peinture dans la voie de l’abstraction ; et la déformation dont je formulais la théorie ne devait que trop s’imposer à la pratique des ateliers.

On l’a bien vu ; mais ceux qui me l’ont reproché, n’ont pas fait état de la seconde partie du livre, pourtant plus constructive, où la recherche des principes m’amenait à découvrir deux choses : l’imitation de la nature et la discipline classique.

Cela aussi m’a été reproché d’autre part, et l’on m’a pris en pitié d’avoir, en tant que peintre, étouffé, de prétendus dons naturels sous les règles apprises, et en tant que théoricien d’avoir propagé des idées réactionnaires, en contradiction avec celles de mes débuts.

Cependant cet éloge du classicisme a fait bien autrement fortune ; il a été repris par les extrémistes, et il n’est guère d’exposition d’avant-garde dont les excentricités n’aient été sérieusement qualifiées de classiques. Ce n’est pas ce que j’avais souhaité, et dix ans d’enseignement m’ont appris que ces pages, dont à la