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les élèves d’ingres

H. Flandrin, P. Flandrin, Lehmann, Ziegler, Mottez, Amaury-Duval, Stürler, Chenavard, Bénouville, Timbal, Papety, Chassériau, Lamothe, Janmot[1]. Presque tous sont des décorateurs dont on peut voir les œuvres dans les églises de Paris. J’y ai joint, à ce propos, Orsel, Périn et Roger, les peintres de Notre-Dame de Lorette qui procèdent manifestement du même esprit quoiqu’ils n’aient pas fréquenté l’atelier du maître.

C’est M. Baltard, prix de Rome d’architecture sous le directorat de M. Ingres (1833) et son fidèle admirateur, qui entreprit vers 1842, comme inspecteur des Beaux-Arts, la décoration des églises de Paris. En offrant des murailles à des artistes que leur éducation destinait à la peinture monumentale, il favorisait un certain nombre d’expériences décisives pour l’évolution de cet art. La grande décoration n’existait pas avant 1827, date de l’Apothéose d’Homère ; pour la première fois (car le Jupiter et Thétis n’avait pas été exposé), on avait pu voir l’admirable résultat de l’emploi raisonné des teintes plates, claires, bien dans le mur, de valeurs équivalentes, presque sans modelé, avec des silhouettes très lisibles et fortement dessinées, sans artifices de clair-obscur. Ce dut être une révélation pour les peintres de ce temps, comme plus tard pour nous, les grandes compositions de Puvis de Chavannes ; celui-ci d’ailleurs ne faisait que continuer et développer les innovations de M. Ingres — ou de ses élèves’.

Si les œuvres dont nous parlons ici furent souvent d’inspiration et de métier archaïques, rappelons pour l’expliquer qu’elles se produisirent à une époque de fanatisme archéologique. Les artistes d’alors eurent le louable souci de se conformer au style des édifices qu’ils décoraient ; et ceux-ci étaient des pastiches du Moyen-Age ou de la Renaissance italienne. Les architectes et les sculpteurs, absorbés par un

  1. Dans celle liste j’avais oublié Jean Brémond. M. Albert Besnard répara cette omission eu écrivant quelques pages excellentes sur cet artiste, à qui on doit, entre autres ouvrages, la décoration de l’église de la Villette à Paris. (l’Occident, décembre 1902.)