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PREMIÈRE PARTIE

I

Au moment où Reine mit le pied sur la terrasse, les cloches commencèrent à sonner. Bien qu’elle s’y attendît, comme tous les Français, comme tous les Européens ce jour-là, elle demeura saisie de ce grand saisissement que personne n’a pu oublier. Et, aussitôt, elle cria :

— L’Armistice, c’est donc vrai ?

Elle restait devant la vallée toute sonnante, maintenant, car à Rainville répondait Reury plus lointain, tandis que, des hauteurs du plateau, descendait le carillon de Grainetot et même le gros bourdon de Raymesnil. Et le fleuve de son qui passait si impétueusement sur elle, ne charriait que deux mots : La Paix, la Paix.

Elle avait les yeux pleins de larmes, et même, elle se mit à pleurer inconsciemment, à pleurer sans bruit ni sanglots, les yeux grands ouverts, à pleurer vraiment de bonheur.

Enfin, voyant que sa mère était venue la rejoin-