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TROISIÈME PARTIE

I

Reine se jeta à corps perdu dans les préparatifs du déménagement. Si, toutefois, on pouvait donner ce nom à l’opération qui allait avoir lieu entre le château et la chaumière.

Il s’agissait, en effet, plutôt de comprimer dans le grenier de Réaumont le mobilier des vingt pièces que de transporter quoi que ce soit dans la petite maison, déjà meublée d’ailleurs.

Toutefois, il y eut des paniers de linge à préparer, de la vaisselle, quelques meubles encore et le piano. Cela fit mille va-et-vient à travers le parc et une déroute complète des habitudes de ces dames.

Quand elle ne se tuait pas de corvée, Reine cherchait à se représenter l’état d’effarement du pays. Il y avait, là aussi, une odeur de catastrophe qu’elle préférait aux plus tranquilles pensées qu’elle aurait pu avoir. Par Cornélie on entendait les échos du village. La ferme, d’abord, ne se possédait plus. Mme Doudement avait commencé par nier contre toutes les commères de la boutique que les dames songeassent à quitter le château, étant bien trop riches pour cela (« pardi, commentait la petite servante, al’a peur que Madame lui raugmente la ferme ! »). Au village régnait la stupeur. Il fallait en croire ses yeux, mais on commentait ferme. Le père Poignant faisait florès au café.