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introduisirent ces deux mots anglais dans leur langue, et en formèrent le mot « Kinjames, » qui, comme nous l’avons dit, signifie chez eux « un roi ».

Au mois de Décembre, les vaisseaux repassèrent en Angleterre, avec une grande partie des colons. Il ne resta au fort George que quarante-cinq hommes.

Bientôt, les nouveaux colons oublièrent les promesses qu’ils avaient faites aux sauvages, et commencèrent à les maltraiter. Ils ne leur permettaient pas de demeurer près du fort ; ils les chassaient de leurs maisons, parfois même à coups de bâtons, les faisaient mordre par leurs chiens, et affectaient à leur égard le plus grand mépris, ne les considérant que comme des animaux inférieurs à leurs chiens [1].

C’est ainsi que se passa l’hiver de 1607-1608. Les sauvages supportaient patiemment ces insultes et ces mépris, car ils étaient naturellement bons[2]. Ils voulaient vivre en paix avec les colons, comme ils l’avaient promis, et ne croyaient pas que ces mauvais traitements fussent une raison suffisante pour les engager à manquer à leur parole. Chaque fois qu’ils étaient ainsi maltraités ou méprisés, ils se retiraient silencieux et profondément affligés.

Mais au printemps, voyant que ces injustices augmentaient, ils résolurent de chasser les Anglais de leur pays. Heureusement pour ceux-ci qu’un vaisseau, arrivant d’Angleterre, venait de jeter l’ancre devant le fort. À la nouvelle du soulèvement des

  1. Relation du P. Biard. 1611. 37.
  2. Relation du P. Biard. 1611. 36.