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*II
introduction

sauvages venaient en Canada acheter des peaux de castor pour les porter aux Anglais. Alors les wiguams des Abénakis furent visités, et les effets qu’ils avaient échangés contre leur wampum furent confisqués ; puis on leur enjoignit de retourner immédiatement dans leur pays[1].

En 1640, un Anglais arriva en Canada, accompagné de vingt Abénakis. Le gouverneur ayant été informé de ce fait, ne permit pas à cet Anglais de se rendre à Québec ; il envoya quelqu’un lui signifier l’ordre de retourner immédiatement dans son pays ; mais l’Anglais ne pouvant le faire, parceque les rivières par où il était venu étaient presque desséchées, fut forcé de se livrer aux Français. M. de Montmagny le fit conduire à Tadoussac, où il fut embarqué sur un vaisseau partant pour l’Europe. Quelques jours après, les Abénakis furent renvoyés dans leur pays[2].

Ainsi, il est bien clair que les Abénakis étaient alors considérés en Canada comme des étrangers, et qu’on ne leur permettait pas d’y demeurer. Cette faveur ne fut accordée qu’à quelques uns, qui, s’étant convertis, restèrent à Sillery pour continuer leur instruction religieuse.

Il en fut ainsi jusqu’en 1680. La raison de cette apparente sévérité contre les Abénakis était qu’on craignait que les Anglais n’établissent, par leur intermédiaire, un commerce de fourrures avec les sauvages du Canada.

Le nom « Abénakis » prouve d’une manière bien évidente que ces sauvages ne sont pas originaires du Canada. Ce mot vient de « Abanki», terre du Levant, nom que

  1. Relations des Jésuites. 1637. 85, 86.
  2. Relations des Jésuites. 1640. 35, 36.