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histoire

Paul Osunkhirhine,[1] aussi connu depuis sous le nom de « Masta », alla passer quelques années aux États-Unis. Il y entra dans une école protestante, et embrassa bientôt les erreurs du protestantisme. Vers 1830, il revint dans son village, avec le titre de ministre de l’Évangile, et commença à répandre parmi ses frères les erreurs dont il était imbu.

Les sauvages repoussèrent d’abord avec horreur ces prédications. Car les Abénakis avaient toujours eu le protestantisme en horreur. Nous avons vu dans le cours de cette histoire quel a été, de tout temps, leur amour pour le catholicisme. On sait, que c’est surtout leur attachement à leur foi qui les éloignait des Anglais et les liait fortement aux Français. Ils n’ont jamais consenti à se séparer de ceux qui leur avaient enseigné à prier.

Mais la curiosité, ordinairement si grande chez les sauvages, entraîna quelques-uns. C’était chose si nouvelle pour eux d’entendre parler, en leur langue, sur des sujets religieux, qu’ils allaient quelquefois écouter les lectures que le prétendu ministre faisait d’une maison à l’autre.

À cette époque, le missionnaire, M. J. M. Bellenger, ne parlait pas l’abénakis. Le dernier missionnaire, parlant cette langue, avait été le P. Germain, parti de Saint-François, en 1779. Ainsi, depuis plus de 50 ans, les Abénakis du Canada n’avaient pas entendu un prêtre parler leur langue. En outre, le mis-

  1. Celui qui marche trop en avant. Cette expression « Osunkhirhine » s’emploie le plus ordinairement pour désigner un oiseau qui se sépare d’une bande et vole plus rapidement que les autres.