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des abénakis.

les sauvages nommèrent, dans un grand conseil, des syndics pour collecter des cotisations dans le village, pour la continuation des ouvrages de cette église. Voici un extrait de ces délibérations. « Les sauvages nomment pour le recouvrement des deniers dûs à l’église, pour achever la bâtisse, six syndics pour percevoir de chaque sauvage, revenant de la chasse, la somme dont il est taxé pour sa quote-part, et en rendre compte au missionnaire ou à celui qu’il préposera à sa place »[1].

Les Abénakis veillaient sans cesse au bon ordre dans leur église. Un sauvage, de bonne conduite et jouissant d’une bonne renommée, était choisi pour remplir cette charge, et tous se soumettaient sans murmures à ses ordres, L’un des grands Chefs était nommé « Chef de la prière ». Ce Chef était le premier dans l’église, après le missionnaire ; il présidait aux prières, qui se faisaient en commun à l’église, chaque jour ; il veillait à ce que chaque sauvage fût exact à remplir ses devoirs religieux ; il réprimandait les méchants et les négligents, et ne les laissait en repos que lorsqu’ils se présentaient au missionnaire.

Les sauvages s’occupaient aussi à empêcher les désordres dans leur village. Plusieurs d’entr’eux étaient choisis pour y veiller. Pour éviter les troubles causés par les médisances et les calomnies, on choisissait quelques femmes vertueuses, dont le devoir était de donner bon exemple aux autres femmes par leurs discours modérés et réservés, et de réprimander

  1. Délibérations d’un grand conseil, tenu le 17 Février, 1791.