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traire les vaches le soir et le matin, et le jeune Antoine, fils de son maître, l’y accompagnait toujours. Comme ce jeune enfant lui témoignait toujours beaucoup d’affection et comme il lui rappelait son Silvanus, elle l’estimait beaucoup. Aussi, ces petites excursions lui donnaient toujours une agréable distraction, et ramenaient quelque joie dans son cœur.

L’inaction dans le malheur redouble la peine et le chagrin. C’est ce qu’éprouva notre captive. Tant qu’elle demeura dans l’inaction, sa peine paraissait augmenter chaque jour, et dès qu’elle pût se livrer à quelques occupations, elle éprouva de suite un soulagement sensible. Mais il manquait à cette malheureuse femme une autre chose bien plus nécessaire et plus importante, qui lui eût été d’un grand secours dans son infortune. Elle n’était pas catholique. Elle ne connaissait pas cette divine religion qui console toujours dans le malheur. Il est étonnant que tant de maux et de souffrances n’aient pas suffi pour conduire à la vérité cette femme si intelligente et douée de tant de bonnes qualités. Ses préjugés contre le catholicisme étaient si grands que pendant les quelques années qu’elle passa en Canada, elle n’eût pas même l’idée d’étudier les premiers principes de cette sainte et divine religion, tandis que la chose lui étant si facile. Il est probable que l’horreur et la haine qu’elle avait pour les sauvages contribuèrent à entretenir ses préjugés contre le catholicisme.

La vie de captivité lui était devenue plus supportable, Madame Johnson put désormais se livrer à quel-