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la faim ; mais désormais ils n’auraient plus d’inquiétudes et ne manqueraient plus de provisions. Alors, ils se livrèrent à tous les excès d’une joie sauvage. La scène qu’ils offraient dans cette réjouissance était horrible à voir. Ils chantaient et sautaient en poussant des cris, semblables à des hurlements, accompagnés de gesticulations, de contorsions et d’affreuses grimaces. Il faudrait avoir été témoin d’une semblable scène pour en comprendre toute l’horreur.

Après ce tapage infernal, on organisa la danse guerrière. Cette danse consistait à sauter autour du feu en chantant. Chacun chantait sur le ton qui lui convenait, sans s’occuper le moins du monde des règles. de l’harmonie. Le meilleur danseur était celui qui sautait le plus agilement et qui se distinguait par les contorsions. Les prisonniers furent obligés de prendre part à cette danse, et, comme ils étaient très-inhabiles dans cet exercice, les sauvages se moquaient d’eux, en leur signifiant de sauter plus haut et de crier plus fort.

Après la danse, les sauvages voulurent se donner le luxe d’un concert de blancs. Ils invitèrent donc les prisonniers à leur faire entendre chacun une chanson. Tous furent obligés de chanter, même Madame Johnson et ses enfants.

Vers le milieu de la matinée, sept nouveaux sauvages arrivèrent, revenant d’une expédition. Les prisonniers leur furent présentés, et les réjouissances recommencèrent avec le même tapage qu’auparavant.

Lorsque les réjouissances furent terminées, on se