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des abénakis.

la marche, puis, il me signifia de le suivre. J’avais à peine assez de force pour me tenir debout ; cependant, je marchai environ un demi mille, accompagnée de mon fils et de trois sauvages. Alors, il me fut impossible de faire un seul pas de plus ; ma vue s’obscurcit, je tombai et perdis connaissance. »

Dans la conviction où elle était qu’on voulait la tuer, elle crut, en tombant, voir un sauvage lever la hache au-dessus de sa tête, et entendre son fils s’écrier : « Maman, marche, car ils veulent te tuer. » Elle pensa donc qu’elle allait mourir.


Les sauvages, fort embarrassés par cet incident inattendu, se réunirent en conseil, et décidèrent que Johnson se tiendrait près de sa femme pour la soutenir dans la marche. On chemina ainsi pendant quelques heures ; mais bientôt la malade devint si faible qu’elle s’évanouissait à chaque instant. Il fut donc impossible de continuer la route de cette manière. Un second conseil fut tenu, et il fut décidé que Johnson porterait sa femme. On leva des écorces, on en fit une espèce de selle, que l’on mit sur le dos de Johnson, et on y plaça la malade. On marcha ainsi le reste du jour.

Le lendemain, le 6, Madame Johnson, à sa grande surprise, se sentit bien mieux ; ses forces étaient grandement rétablies. Grâce à sa forte constitution, elle se trouvait, sans le secours de remèdes, en pleine convalescence d’une maladie qui l’avait conduite sur le bord de la tombe.

Les sauvages décidèrent qu’elle marcherait ce jour là, et ordonnèrent le départ. Bientôt, l’on arriva à