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des abénakis.

transporter la malade à travers ces montagnes. Mais, étant à bout de provisions, il fallait continuer le voyage, pour ne pas s’exposer à mourir de faim dans la forêt. Ils se mirent donc en route, après avoir partagé avec leurs prisonniers un peu de farine et d’eau.

Comme le jour précédent, la malade fut mise sur le cheval. Ce jour là, la marche fut des plus pénibles et des plus difficiles. Tantôt on traversait de longues savanes, dans l’eau et la boue jusqu’à mi-jambe, tantôt on franchissait des montagnes hautes et escarpées ; et lorsqu’on rencontrait des escarpements que le cheval ne pouvait gravir avec sa charge, on portait la malade sur le haut de ces rochers. On marcha de cette manière jusqu’au soir, sans prendre aucune nourriture, et, pour ajouter encore à cette misère, il fallut passer la nuit suivante sans souper. Aussi, cette nuit fut affreuse pour les prisonniers. La faim et les souffrances les empêchèrent de prendre un seul instant de repos.

Le lendemain matin, le 4, les sauvages partagèrent avec les prisonniers quelques gorgées d’eau et de farine, le reste de leurs provisions, et se mirent en route. Voyant qu’ils n’avaient plus de provisions, ils s’arrêtèrent plusieurs fois dans la journée, pour organiser des partis de chasse. Mais les chasseurs ne rapportèrent rien de ces excursions. La plus grande inquiétude règna alors parmi les voyageurs. Ils souffraient de la faim depuis plusieurs jours, et ils se voyaient décidément sans moyen d’apaiser cette souffrance qui les dévorait[1].

  1. Plusieurs auteurs anglais représentent les Abénakis comme