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des abénakis.

pouvoir d’impitoyables sauvages, sans provisions et presque sans vêtements, enfoncés dans la forêt, où nous devions séjourner aussi longtemps que les enfants d’Israël dans le désert, notre condition était des plus tristes. Et, pour ajouter à notre malheur, nos maîtres sauvages ne comprenaient pas un mot d’anglais. Je quittais mes vieux parents, mes frères et sœurs et mes amis pour voyager avec des sauvages, à travers une affreuse forêt et des régions inconnues, dans un temps où j’étais moi-même dans une si alarmante situation ».

Suivant une coutume existant alors chez les Abénakis, celui qui le premier mettait la main sur un prisonnier en était considéré comme le maître et le propriétaire. Ainsi, suivant cette coutume, chacun de nos captifs avait son maître, auquel il devait se soumettre aveuglement, pour ne pas s’exposer à recevoir de rudes traitements.

Lorsque les sauvages eurent terminé leurs réjouissances, ils ordonnèrent le départ. On marcha sept ou huit milles, puis on s’arrêta pour le campement de la nuit.

L’ouvrage du campement consistait à allumer un petit feu, à couper quelques morceaux de bois sec pour entretenir le feu pendant la nuit, puis, à étendre sur le sol des branches de sapin pour servir de lits aux voyageurs. Après le repas du soir, les sauvages se plaçaient autour du feu, s’asseyant sur leur talons, et passaient plusieurs heures à converser ; les plus anciens de la bande racontaient longuement aux jeunes