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des abénakis.

trouva dans le fort 43 canons, 35,835 lbs de poudre, des projectiles et des vivres en grande abondance[1].

Les sauvages commirent en cette occasion des désordres bien regrettables. Mais ce fut en partie par la faute des Anglais, qui négligèrent de jeter leurs boissons, comme on le leur avait recommandé. Un grand nombre de sauvages s’emparèrent de ces boissons et s’enivrèrent. Alors, il se précipitèrent, la hache à la main, sur les troupes anglaises, qui avaient mis bas les armes, et en firent un horrible massacre. Plusieurs officiers français reçurent des blessures en voulant arrêter cet affreux désordre. Montcalm employa tour-à-tour prières, menaces et promesses pour calmer les sauvages. Il leur dit plusieurs fois : « Tuez-moi, si vous le voulez, mais épargnez les Anglais, qui sont sous ma protection »[2]. Tout fut inutile, et le massacre se continua. 1,500 Anglais furent tués ou faits prisonniers[3].

Le fort William-Henry fut rasé, et, le 16 Août, l’armée française se mit en route vers Carillon.

Après cette glorieuse campagne, le Canada souffrit encore de la disette, car les récoltes avaient manqué comme l’année précédente. Pendant le reste de l’été et tout l’hiver suivant, la plus profonde misère règna dans le pays. Au printemps, on voyait des hommes tomber de faiblesse dans les rues, par le manque de nourriture.

  1. Garneau. Hist. du Canada. Vol. I​I. 269.
  2. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. III. 138.
  3. Mémoires sur les affaires du Canada. 1749-1760. 97.