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l’ennemi. En s’emparant de ce terrain, les sauvages mirent les Anglais dans l’impossibilité de recevoir du secours, ou de s’enfuir, dans le cas d’une défaite. Aussi, Mercer, en apprenant cette nouvelle, tomba dans un découragement complet et ses troupes furent consternées. Dès lors, les Anglais ne songèrent plus qu’à se rendre, pour ne pas s’exposer à être tous massacrés par les sauvages.

Les Abénakis furent mécontents de la prompte reddition du fort Oswégo, car ils se promettaient de bien venger l’échec de la campagne précédente, au lac Saint-Sacrement. Aussi, lorsqu’ils virent les Anglais se rendre, ils se jetèrent sur des prisonniers isolés et les massacrèrent, entrèrent dans les hôpitaux et levèrent la chevelure à un grand nombre de malades. Près de 100 personnes devinrent ainsi leurs victimes. Montcalm eut beaucoup de peine à faire cesser ce désordre, et, pour y réussir, il fut obligé de promettre aux sauvages de riches présents. Voici ce qu’il écrivit à la Cour de France à ce sujet. « Il en coûtera au roi 8,000 à 10,000 livres qui nous conserveront plus que jamais l’affection des nations ; et il n’y a rien que je n’eusse accordé plutôt que de faire une démarche contraire à la bonne foi française »[1].

La victoire d’Oswégo causa une grande joie dans tout le pays. Partout, chez les sauvages comme chez les Canadiens, on se livra à de grandes réjouissances. Un « Te Deum » fut chanté dans les églises de Montréal, des Trois-Rivières et de Québec, et l’on suspen-

  1. Garneau. Hist. du Canada. Vol. I​I. 255.