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des abénakis.

été informé de la résolution des Anglais de s’emparer du P. Rasle, lui écrivit pour lui conseiller de revenir en Canada. Mais le missionnaire répondit « que Dieu l’avait placé dans cette mission et qu’il serait heureux d’y mourir »[1]. Il refusa donc d’abandonner ses chers sauvages, et demeura à son poste, se confiant à la Providence et se résignant à souffrir tout mauvais traitement qui pourrait lui être infligé.

Cependant, le Gouvernement de Massachusetts songea à exécuter le projet qu’il avait formé de s’emparer du missionnaire. Après plusieurs tentatives pour engager les sauvages à le livrer, ou à le renvoyer à Québec, et à accepter un ministre protestant à sa place, il employa différents moyens pour le surprendre et l’enlever. Voyant que tout cela était inutile, il mit la tête du missionnaire à prix et en offrit £1000, sterling [2]. Enfin, au commencement de Février 1722, il envoya Westbrooke, avec 200 hommes, pour s’en emparer. Ces troupes arrivèrent à Norridgewock lorsque tous les sauvages étaient absents pour la chasse. Les Anglais avaient profité de cette absence, afin de n’éprouver aucune résistance dans l’exécution de leur infime projet. Cependant, le P. Rasle, ayant été informé de l’approche des troupes, s’enfuit dans la forêt, avec les vieillards et les infirmes. Les soldats ne trouvèrent chez lui que ses papiers, parmi lesquels était un vocabulaire abénakis, qui, suivant Bancroft, a été conservé aux États-Unis jusqu’à ce jour[3].

  1. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I​I. 946.
  2. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 117.
  3. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I​I. 940.