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des abénakis.

mement sensibles à l’amitié qu’on témoignait à leurs enfants, on lui recommanda de traiter ses écoliers avec tendresse, et de les nourrir aux frais du Gouvernement. Une pension lui fut accordée pour cette fin ; et cette pension devait être augmentée en proportion du nombre d’enfants qui fréquenteraient son école.

Le ministre n’épargna rien pour seconder les vues de son Gouvernement. Il allait chercher les enfants dans leur village, les caressait et leur faisait des présents. Pendant deux mois, il se donna toutes les peines imaginables, mais il ne put en gagner un seul. Alors, il s’adressa aux parents des enfants, leur fit différentes questions sur leur croyance, puis il se moqua des sacrements, du purgatoire, de l’invocation des saints, et de toutes les pratiques de piété des catholiques.

Le P. Rasle crut alors devoir prendre la défense de la foi catholique. Il écrivit au ministre fort poliment, lui disant, entr’autres choses, que ses sauvages savaient bien croire les vérités enseignées par l’église catholique, mais qu’ils ne savaient pas les défendre ; qu’il croyait de son devoir de le faire à leur place ; qu’il voyait avec plaisir l’occasion d’entrer en discussion avec un aussi habile homme ; qu’il lui donnait le choix de le faire par écrit ou de vive voix, et, qu’en attendant, il lui envoyait un mémoire qu’il le priait de lire avec attention.

Ce mémoire était si bien appuyé sur l’Écriture-Sainte, la tradition et les raisonnements théologiques que le ministre, loin d’accepter le défi qui lui était fait, quitta la rivière Kénébec et retourna à Boston,