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qui étaient condamnés à la mort, étaient traités avec la plus grande cruauté. À peine cette sentence était-elle prononcée, que tout le village poussait le cri : « mort ! mort ! » et les malheureux prisonniers étaient immédiatement livrés aux supplices les plus affreux.

À voir ces sauvages montrer tant de bonté à l’égard de ceux qu’ils adoptaient, et tant de cruauté à l’égard des condamnés, on eût dit qu’ils ne connaissaient pas de milieu entre les actes de bonté et les excès de cruauté.

Voici les principaux genres de supplices que ces sauvages faisaient subir à leurs prisonniers.

Le supplice le plus ordinaire était celui-ci. Ils enfonçaient dans le sol deux poteaux de neuf ou dix pieds de long, à quatre ou cinq pieds de distance l’un de l’autre, et liaient à ces poteaux deux pièces placées horizontalement, l’une à un pied de terre et l’autre cinq ou six pieds plus haut. Ceci fait, ils dépouillaient le prisonnier de ses vêtements, et le forçaient de monter sur la pièce inférieure, sur laquelle ils lui attachaient les pieds, puis lui étendaient les bras et les liaient fortement à la pièce supérieure. Alors, ils le faisaient brûler lentement, en promenant sur son corps des torches enflammées, enduites de poix.

Tous les sauvages, y compris les femmes et les enfants, se réunissaient autour des prisonniers, et prenaient part aux cruautés. Chacun tourmentait les suppliciés, selon qu’il lui plaisait, et encourageait les autres à la cruauté.

Quelquefois, lorsqu’ils n’étaient pas d’humeur à tourmenter longtemps les prisonniers, ils les assom-