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Anglais, car il mêlait à son récit toute l’ardeur d’un brave guerrier prenant les armes pour défendre sa foi.

La fête de Noël était un temps très-précieux pour ces sauvages. Ils désiraient et attendaient toujours cette solennité avec impatience. Quelquefois, ils partaient du lieu de leur chasse pour venir assister à cette fête. Ils passaient toute la nuit de Noël à prier dans l’église. « Je ne sçaurois dire, » écrit le Père, « toutes les marques de tendresse qu’on donne au Sauveur naissant dans la crèche, pendant tout ce saint temps. Peut-être ceux qui se sentent le moins attendris à la vue de ce mystère d’amour et de douceur seroient touchés de voir les effets qu’il produit dans ces pauvres barbares » [1].

Pendant l’hiver, 1700-1701, l’affreuse maladie du scorbut se répandit parmi les sauvages. Le nombre des malades devint si grand « que tout le village était un vrai hopital », dit le Père. « Ce qui me consolait dans l’extrême compassion que j’avois souvent de ces pauvres malades c’est leur patience, c’est une égalité d’esprit charmante, c’est une résignation si parfaite à la volonté de Dieu, qu’on ne peut rien ce semble imaginer au delà. Toujours contens, toujours gais, toujours parlant de la mort de manière à en faire envie. Ce qui me surprend, c’est que de jeunes femmes, de jeunes enfans soient capables de cette résolution. C’est ce me semble une marque très-évidente de la paix de leur conscience et de

  1. Relation du P. V. Bigot. 1701. 11.