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des abénakis

quentes et longues visites qu’ils lui rendent au S. Sacrement. Je le vois tous les jours depuis bien des années avec la mesme consolation et le mesme plaisir, que si ce m’estoit un spectacle tout nouveau. En hyver aussi bien qu’en été, dès le grand matin, l’on voit ces fervents chrestiens venir offrir au Sauveur les premices de leurs actions, et quelques uns s’entretenir très-longtemps avec lui. Les enfants mesme, attirés par l’exemple des grandes personnes, le pratiquent exactement, et surmontent l’inclination que l’on a à cet âge pour dormir, afin de lui rendre aussi leurs devoirs. Que si le sommeil l’emporte quelquefois à son tour, et qu’ils s’endorment dans la chapelle, leurs parens les éveillent et leur reprochent leur lâcheté et leur peu de ferveur à rendre à Dieu leurs adorations. Je prendrois souvent le parti de ces petits innocens si je ne craignois de scandaliser ceux qui les éveillent. Quoiqu’ils assistent à la prière du soir et qu’ils en fassent une seconde dans leurs cabannes avant que de se coucher, ils ne seroient pas contens s’ils ne venoient encore rendre visite à nostre Seigneur dans la chapelle. Ce sont comme des processions continuelles d’allans et de venans, et cela se fait avec tant de recueillement qu’il est aisé de juger par leur extérieur de la ferveur de leur foi et de leur amour. Qu’ils aillent à leur travail ou qu’ils en reviennent, ils se font une loy de le salver dans sa sainte maison et de lui offrir leur travail. Les jours de festes qui sont des jours de prières pour eux, il y en a qui en passent la plus grande partie auprès du S.