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leur ont donné de si beaux et si brillants exemples, est dégénérée en une boucherie sauvage et sans limites. Ces choses ne sont pas propres à mettre un terme à la guerre »[1].

Tandis que le colonel Schuyler reclamait, au nom de l’humanité, contre les prétendus excès des Abénakis, il intriguait lui-même auprès des Iroquois et des sauvages alliés des Français, afin de les engager à prendre les armes contre le Canada. Il voulait les engager à commettre contre les Canadiens les excès dont il se plaignait. Aussi, le gouverneur lui répondit, qu’il devait savoir ce qui s’était passé depuis cinquante ans ; que conséquemment il devait savoir que les Anglais eux-mêmes avaient mis le Canada dans la pénible nécessité d’autoriser ces descentes des Abénakis et des autres alliés sur la Nouvelle-Angleterre ; qu’il ne devait pas ignorer les horreurs commises par les Iroquois, à la sollicitation des Anglais ; qu’à Boston les Français et les Abénakis, retenus comme prisonniers, étaient traités avec une barbarie qui ne le cèdait nullement à celle dont il se plaignait ; que les Anglais avaient plusieurs fois violé le droit des gens, ainsi que certaines négociations arrêtées et signées ; qu’enfin tous les prisonniers qui venaient des colonies anglaises étaient bien traités par les Français et les sauvages.

Tel fut le résultat du message du colonel Schuyler auprès du Marquis de Vaudreuil.

Les Anglais, irrités, résolurent d’employer tous moyens possibles pour exterminer les Abénakis. Ils offrirent des récompenses pour chaque prisonnier ou

  1. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I​I, 852, 853.