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en France, et d’où il était revenu l’année précédente, combattit courageusement à côté de son commandant. Il tua beaucoup d’Anglais, avec un sabre que Louis XIV lui avait donné. Au milieu du combat il reçut une blessure au pied[1]. Ce sauvage jouissait d’une haute réputation parmi les siens. Le nom que les Abénakis lui avaient donné le prouve clairement ; car ce mot « Naskânbi8it » veut dire : « celui qui est si important et si haut placé par son mérite qu’on ne peut atteindre, par la pensée même, à sa grandeur. »

Cependant, les Hurons et les Iroquois du Saut Saint-Louis, honteux d’avoir refusé de marcher contre les Anglais et mortifiés du mépris que le Marquis de Vaudreuil affectait de leur témoigner, formèrent plusieurs partis, auxquels s’unirent les Abénakis de Bécancourt et plusieurs de ceux de Saint-François, et se dirigèrent vers la Nouvelle Angleterre, où ils ravagèrent plusieurs établissements[2].

Ces expéditions répandirent le désespoir dans les colonies anglaises. Aussi, le colonel Schuyler crut devoir faire les plus vives représentations au Marquis de Vaudreuil, afin de l’engager à retenir ses sauvages. « Je crois, » disait-il, « qu’il est de mon devoir envers Dieu et envers mon prochain de prévenir, s’il est possible, ces cruautés barbares. Mon cœur est rempli d’indignation quand je pense qu’une guerre entre des princes chrétiens, soumis aux lois de l’honneur et de la générosité, dont leurs ancêtres

  1. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 36.
  2. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 39.