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des abénakis.

en différents endroits pendant deux jours, et tinrent si ferme dans ces escarmouches qu’ils les empêchèrent d’approcher du fort. Les Anglais, voyant qu’ils étaient pressés de tous côtés, demeurèrent plusieurs jours sans rien faire. Le 10, ils avancèrent un peu, et se préparèrent à l’attaque.

Le lendemain, le gouverneur envoya quatre-vingts Abénakis, sous les ordres du Baron de Saint-Castin, se mettre en embuscade dans le bois. Ce détachement arrêta 400 Anglais, qui avaient été envoyés pour détruire les bestiaux. Saint-Castin attaqua ces ennemis avec tant de résolution qu’il les força d’entrer en désordre dans leur camp, après leur avoir tué plusieurs hommes[1].

Les Anglais attaquèrent le fort le 16 ; mais le feu meurtrier de la garnison et des sauvages les força de se retirer bientôt. Dans la nuit suivante, ils se rapprochèrent et investirent le fort de toutes parts ; mais s’apercevant que les Français pouvaient faire une longue résistance, ils se retirèrent, et le lendemain, levèrent le siége.

Port-Royal dut sa conservation, en cette circonstance, principalement à la bravoure du Baron de Saint-Castin et de ses Abénakis. M. de Subercase, écrivant au Ministre à cette occasion, disait « que si le Baron de Saint-Castin ne s’était pas rencontré parmi eux, il ne savait pas trop ce qui en serait arrivé »[2].

Cependant, la Nouvelle Angleterre, loin de renoncer

  1. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 17-19.
  2. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 21.