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Aujourd’hui l’on considérerait comme des meurtriers ceux qui feraient une chose semblable, sans avoir recours aux lois. Mais, il y a cent-cinquante ans, ce n’était pas la même chose. Les Abénakis agirent en cette circonstance suivant les usages établis dans leur nation, et l’on considérait alors cette chose comme nécessaire pour maintenir le bon ordre parmi eux.

On sait que ces sauvages étaient des barbares avant leur conversion. Il n’est donc pas étonnant qu’ils aient commis des actes de barbarie après avoir embrassé le christianisme. Car l’histoire nous apprend que tous les peuples barbares qui se sont convertis, n’ont pas abandonné de suite leurs usages de barbarie, et qu’il a fallu une longue suite d’années pour les soumettre aux lois de la civilisation. Il en fut des individus comme des nations. Ainsi, Clovis se rendit coupable de grandes cruautés après sa conversion. Il souilla la fin de son règne par les meurtres de Sigebert, roi de Cologne, et de Ragnacaire, roi de Cambray, parcequ’il redoutait leur ambition. Nous pourrions citer un grand nombre d’exemples de ce genre. Les Abénakis ont fait comme tous les autres peuples barbares. Ils ont conservé, longtemps après leur conversion, des restes de leur ancienne barbarie.

Lorsque nous disons que ces sauvages étaient d’excellents chrétiens, nous ne prétendons pas qu’il n’y avait pas de méchants sujets parmi eux. Il y avait certainement parmi ces sauvages des hommes pervers, comme il y en a toujours eu même chez les peuples les plus distingués par leur foi et leur piété. Il est probable que ces méchants sauvages, à l’insu du Gouvernement