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des abénakis.

Nous en citerons un exemple assez remarquable. Nous avons vu que la peine de mort était en usage chez les Abénakis. Ils conservèrent cet usage longtemps encore, après leur établissement à Saint-François.

Un jour, un Abénakis tua un sauvage, dans une querelle. Sachant que sa mort était inévitable, s’il restait à Saint-François, il s’enfuit et alla se refugier à la Nouvelle-Angleterre, où il passa plusieurs années. Cependant, l’ennui qu’il éprouvait toujours par l’absence de sa famille et de ses amis le força de revenir à son village. Il avoua son crime aux Chefs de sa tribu et demanda grâce, alléguant que, par les souffrances qu’il avait endurées pendant sa longue absence, il en avait subi un châtiment suffisant. Le grand conseil décida que cette satisfaction n’était pas égale à l’injustice commise contre la famille du défunt, et qu’en conséquence la mort du meurtrier était nécessaire et inévitable.

Le malheureux demanda quelques heures pour se préparer à la mort ; ce qui lui fut accordé. Alors pour s’éloigner du bruit, il traversa la rivière et alla se mettre en prières précisément à l’endroit où était, il y a quelques années, la grande scierie des Américains.

L’heure de l’exécution étant arrivé et le condamné n’étant pas encore de retour, les Chefs députèrent quelques jeunes gens à sa recherche. Ceux-ci le trouvèrent agenouillé au pied d’un arbre, et priant avec ferveur. Ils le conduisirent au village, où il fut immédiatement fusillé.