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car ces démarches lui avaient inspiré quelques craintes pour elle.

Il fut donc témoin de l’enlèvement de Rebecca. Mais, jugeant qu’il n’était pas prudent d’attaquer de suite ces brigands, pour obtenir la délivrance de l’infortunée jeune fille, il les suivit jusqu’au lac Winnipiseogee. Lorsqu’il eût connu le lieu où ils s’étaient arrêtés, il alla en toute hâte donner des renseignements nécessaires aux parents de la jeune fille. Alors, plusieurs Anglais s’unirent à lui pour aller attaquer les brigands dans leur île.

Le sauvage avait une fille unique, qu’il affectionnait beaucoup. Il crut qu’il était prudent de se faire précéder par elle et de l’envoyer seule auprès de l’aventurier, pensant qu’elle pourrait protéger Rebecca, et peut-être, lui sauver la vie, dans le cas que le malheureux, se voyant attaqué, voudrait la tuer. La jeune sauvagesse arriva donc seule au campement de l’aventurier, et lui annonça que quelques Anglais venaient de débarquer sur l’île. Alors, celui-ci, comprenant ce qui en était, s’éloigna un peu avec ses sauvages, bien décidé de se mettre en défense. Bientôt, voyant que toute défense était inutile et qu’il était perdu, il résolut de s’enfuir et de faire feu sur sa victime, ne voulant pas la laisser vivante entre les mains de ses ennemis.

Cependant, la jeune sauvagesse, qui épiait tous les mouvements du brigand, s’apercevant de ce qu’il voulait faire, se précipite vers lui, avec la rapidité de l’éclair, comme pour le supplier de ne pas mettre