Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/318

Cette page a été validée par deux contributeurs.
302
histoire

Vers le soir, lorsque tout danger était éloigné, Rebecca mit le sauvage en liberté, en lui faisant promettre d’épargner la vie aux mères et aux petits enfants, qui désormais tomberaient en son pouvoir. Le sauvage se retira, le cœur plein de joie, et bien décidé de ne jamais oublier sa bienfaitrice.

Dix à douze ans plus tard, Rebecca, devenue orpheline, était sur le point de se marier à un jeune homme qui lui convenait, lorsqu’un aventurier, qui avait passé plusieurs années à faire la chasse avec les sauvages, demanda sa main. Elle le refusa. L’aventurier, irrité de ce refus, forma le dessein de l’enlever. Un jour que Rebecca, ne se défiant de rien, s’était un peu éloignée de la maison, ce malheureux, accompagné de deux ou trois sauvages, tomba sur elle, l’enleva et la conduisit sur une île du lac Winnipiseogee.

Cependant, le sauvage, à qui elle avait sauvé la vie, ne l’avait pas perdue de vue. Après la promesse qu’il lui avait faite d’épargner la vie des mères et des enfants qui tomberaient en son pouvoir, il avait complètement cessé de prendre part aux expéditions contre les Anglais. Il s’était fixé avec sa famille, dans les forêts, non loin de la demeure de Rebecca. De là, il veillait sans cesse sur sa bienfaitrice sans qu’elle s’en aperçut. Il avait redoublé de vigilance depuis qu’elle était devenue orpheline. Il savait qu’elle devait se marier bientôt, et connaissait aussi les démarches de l’aventurier auprès d’elle. Depuis ce temps surtout, il ne la perdit pas de vue,